Restaurer la terre, restaurer la dignité : Impact de l’Initiative Bande Verte durable au Bénin dans le cadre du programme AFR 100

Un projet panafricain au service des communautés rurales

« Restaurer la terre, c’est restaurer la dignité humaine », affirmait Wangari Maathai, figure emblématique du World Resources Institute. Cette vision prend corps au Bénin à travers l’Initiative Bande Verte Durable, lancée en juin 2022 par l’ONG DEDRAS. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Initiative Régionale AFR100, un programme panafricain ambitieux de restauration de 100 millions hectares de terres et des paysages, soutenu par One Tree Planted, Realize Impact et le World Ressources Institute, et dont le Bénin est parti pour un objectif de 500 milles hectares.

Implémenté dans onze communes réparties sur les départements du Borgou, de l’Alibori, de l’Atacora et de la Donga, le projet vise à renforcer la résilience écologique et économique des communautés locales à travers la plantation d’essences agroforestières à haute valeur ajoutée, notamment l’anacardier et le karité.

Des bénéficiaires engagés et formés

Sur le terrain, les témoignages des producteurs traduisent un réel engouement et une appropriation progressive du projet.

À Djougou, dans la Donga, Inoussa Chabi, producteur local, témoigne :

« J’aime les anacardiers, j’en ai fait la demande et DEDRAS, à travers le projet, en a mis à ma disposition. On m’a formé et coaché, et j’ai même été sollicité comme producteur relai pour former et accompagner d’autres producteurs à planter des anacardiers. »

À Copargo, toujours dans la Donga, Zakari Biao se réjouit de l’évolution de ses plantations :

« Les 200 plants d’anacardier et les 200 plants de karité que j’ai reçus ont bien prospéré. Aujourd’hui, j’ai une véritable plantation, ce qui est très bénéfique pour moi. »

Dans le département de l’Atacora, à Kouandé, Imorou Yérima N’Gobi partage son expérience :

« J’ai entendu parler du projet par la radio et par des amis. J’ai reçu 200 plants d’anacardiers en apportant entre autres contribution 200 bidons pour l’irrigation. On nous a aussi formés sur le piquetage, les fouilles et l’entretien des plants. 2ans après la mise en terre, j’ai déjà récolté 60 kilos d’anacarde. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est un début prometteur. »

Malgré les résultats encourageants, plusieurs bénéficiaires évoquent des difficultés persistantes : mortalité de certains plants due aux aléas climatiques, ou autres perturbations écologiques comme humaines telles que les sols dégradés, les attaques de termites et la divagation d’animaux. Face à ces difficultés les producteurs ont dévéloppés des initiatives avec l’appui du projet Pour limiter les dégâts. Au nombre de ces mesures nous pouvons citer la plantation en ceinture du campêche, une espèce épineuse utilisée comme barrière naturelle, l’utilisation des systèmes d’irrigation goutte-à-goutte, des sensibilisations par les médias locaux, etc.

Un accompagnement technique et communautaire

Le projet ne se limite pas à la mise à disposition à prix accessible de plants. Il repose sur un accompagnement technique structuré et continu. Selon Gilles Tawéma, chargé du suivi-évaluation du projet à DEDRAS ONG :

« Nous avons mis en place un dispositif de coaching agricole dans chaque commune. Les cellules communales ont été également impliquées dès l’évaluation des besoins jusqu’au suivi des plantations. »

Il souligne également que :

« Ce projet est un exemple de synergie entre les acteurs locaux et les partenaires internationaux. Il ne s’agit pas seulement de planter des arbres, mais de reconstruire des écosystèmes et des moyens de subsistance durables. »

Le rôle joué par les Cellules communales agricoles est central dans cette démarche multi-acteurs. En effet à Ségbana, Corneille Kinkpé, le Chef de la Cellule Communale (CCeC), explique :

« Nous avons participé dès les premières étapes, notamment dans l’évaluation des besoins, l’identification des bénéficiaires et le suivi de la mise en œuvre des différentes activités retenues pour chaque campagne. Dans ce cadre, 24 020 plants d’essences forestières ont été mis en place, dont 22 100 plants d’anacardier et 1 920 plants de karité. »

Au cœur du dispositif, les pépiniéristes assurent la production de plants vigoureux à haute performance, greffés ou polyclonaux, et facilitent leur disponibilité auprès des bénéficiaires dans les différentes régions. La majorité des plants livrés au projet étaient des anacardiers greffés, ou plants polyclonaux selon le cas pour répondre à la difficulté liée à la fragilité des plants gréffés. Malgré que le projet ne soit pas directement intervenu sur la production des plants, car c’est les pépiniéristes qui les produisent et les fournissent simplement, il a contribué à créer de déboucher pour leurs plants.

Des résultats concrets malgré les défis

Malgré les nombreux obstacles rencontrés tels que les aléas climatiques, sols appauvris, ravageurs, divagation animale, le projet a su s’adapter et générer des résultats tangibles. Les bénéficiaires, mieux formés et accompagnés, ont progressivement adopté les bonnes pratiques agricoles. Ce changement de comportement par l’adoption des bonnes pratiques est l’un des acquis les plus précieux du programme qui a favorisé le taux de mortalité globalement autour des 15%.

Après trois années de mise en œuvre, les résultats sont impressionnants affirme Gilles Tawéma. « Sur une cible initiale de 250 000 plants à mettre en terre, DEDRAS ONG a dépassé les attentes avec un total de 251 784 plants effectivement plantés, dont 243 922 plants de cajou et 7 862 plants de karité ». Ces chiffres traduisent l’engagement des acteurs locaux et la rigueur du suivi technique. Globalement les taux de mortalité des plants surtout ceux des anacardiers est autour de 15%.

Un impact socio-économique mesurable

Au-delà de la reforestation, le projet a généré des retombées économiques significatives. Quarante-cinq emplois directs ont été créés, mobilisant des agents techniques, des pépiniéristes et des animateurs communautaires. À cela s’ajoutent de nombreux emplois indirects dans les domaines du transport, de la logistique et de la transformation des produits forestiers.

Il faut également noter les noix de cajou qui ont déjà commencé à être récolté çà et là par les producteurs dans les plantations datant de 2022.

A en croire le suivi évaluateur, la superficie restaurée à ce jour s’élève à 1 641,58 hectares, répartie dans les différentes communes d’intervention. Ce chiffre témoigne de l’ampleur du travail accompli et du potentiel de régénération des terres dégradées.

DEDRAS ONG et ses partenaires Realize Impact, World Ressources Institute et One Tree Planted peuvent légitimement se réjouir des résultats obtenus. Le projet Initiative Bande Verte Durable ne se contente pas de planter des arbres : il plante des espoirs, des opportunités et des solutions durables pour les générations futures. Grâce à cette synergie entre acteurs locaux et partenaires internationaux, le Bénin avance résolument vers une résilience écologique renforcée et une dignité humaine restaurée.