Ensemble contre l’exploitation : DEDRAS et ADDAD outillent les acteurs du placement
Le 27 juin dernier, au siège de DEDRAS ONG, s’est tenue une rencontre déterminante sur l’avenir du travail domestique au Bénin. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la tournée nationale de l’Association de Défense des Droits des Aide-ménagères et Domestiques (ADDAD), menée dans plusieurs communes du pays, notamment Parakou et Natitingou dans le nord, ainsi que Ouinhi et Sèmè-Podji dans le sud du Bénin. Cette tournée, appuyée techniquement et financièrement par le projet Briser les Chaînes du Travail et de l’Exploitation Domestique des Enfants (BC-TEDE) au Bénin et au Burkina Faso, soutenu par Woord en Daad et AFAS Fondation, vise à sensibiliser et renforcer les acteurs clés du secteur domestique. Elle a réuni à Parakou 26 participants majoritairement des femmes pour débattre des lois, des réalités de terrain et de l’urgence d’une meilleure protection des travailleurs domestiques.
“Ils ne bénéficient ni de repos ni de droits”
Dans une ambiance conviviale, la Présidente de ADDAD Bénin, Adjiho Patricia, a ouvert la séance avec chaleur, pédagogie et franchise. Grâce à des brise-glaces et des témoignages authentiques, elle a instauré un climat de confiance qui a favorisé des échanges ouverts. Le ton est monté en intensité avec l’intervention de l’inspecteur de travail Léon N’TchaA N’Dah, représentant la Direction Départementale du Travail. Il a dressé un constat alarmant :<?
“Lors de nos descentes, nous avons vu des enfants domestiques privés d’instruction, accablés de corvées, sans aucun respect pour leurs droits élémentaires.”
Le représentant du directeur du projet Briser les Chaînes du Travail et de l’Exploitation Domestique des Enfants de DEDRAS ONG, Aloni Mora, est revenu sur les ambitions du projet BC-TEDE mis en œuvre en collaboration avec ADDAD.
“Notre ambition est claire : retirer les enfants des situations d’exploitation domestique et les réinsérer dignement, soit en les ramenant à l’école, soit en les orientant vers l’apprentissage d’un métier de leur choix.”
Ces propos ont été renforcés par l’intervention de Pascaline Agassounon, Secrétaire générale adjointe de l’ADDAD, qui a présenté les actions menées par l’association, dénoncé les dérives observées sur le terrain et partagé les principaux textes juridiques encadrant le travail domestique.
Un témoignage particulièrement marquant a été apporté par la représentante du GUPS 1. En comparant les revenus et les conditions de vie des enfants placés dans différents pays, elle a mis en lumière les inégalités criantes et les dérives du placement non encadré :
“Certains enfants sont mieux traités à l’étranger qu’ici. Et pourtant, sans suivi ni structure, ils finissent souvent oubliés.”
Elle a plaidé pour la création d’associations locales chargées du suivi des placements et invité ADDAD à renforcer les forums communautaires.
Une rencontre constructive
Les retours des participants ont été très positifs. La diversité des intervenants et la pertinence des thématiques abordées ont permis de renforcer les connaissances sur les droits et devoirs liés au travail domestique. La Direction Départementale du Travail et de la Fonction Publique a encouragé chacun à signaler les situations observées sur le terrain afin d’obtenir un accompagnement adéquat.
Plusieurs recommandations ont été formulées : intensifier les campagnes de sensibilisation en milieux urbain et rural pour vulgariser les lois encadrant le travail domestique ; encourager la formalisation des relations professionnelles au moyen de contrats de travail ; créer des plateformes d’écoute et de médiation pour les travailleuses domestiques ; et veiller à l’application stricte des textes en vigueur pour prévenir toute forme d’abus. L’idée de mettre en place des associations de femmes ou des structures relais a également été fortement soutenue pour assurer un suivi plus durable et structuré.
En somme, cette journée fut bien plus qu’un atelier : un appel collectif à la dignité, à la justice et au respect pour celles et ceux qui, souvent dans l’ombre, contribuent au fonctionnement des foyers béninois.
La tournée, en couvrant Parakou, Natitingou, Ouinhi et Sèmè-Podji, montre l’ampleur et la détermination des acteurs engagés à changer durablement les conditions de vie des travailleurs et travailleuses domestiques au Bénin.




